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Qu'est-ce donc qu'une âme d'ouvrier ?
Ci contre : François Berthelot (1894-1967), ouvrier.
La COPO n'est pas encore un parti, c'est un comité (Comité pour un Parti Ouvrier indépendant). Et pourtant, cette dénomination a immédiatement soulevé des sarcasmes dans la presse locale, tant à l'égard du mot "ouvrier" que de moi-même, qui n'aurais, aux dires de certains, aucun droit à représenter un parti ouvrier puisque je ne suis pas ouvrier.
Il me suffirait ici de renvoyer à l'article "Pour lever tout malentendu",
si cela pouvait suffire en effet, à lever les malentendus, mais je crains en la circonstance d'avoir affaire à des sourds qui ne veulent rien entendre : contre ce genre de surdité, qui s'appelle encore "mauvaise foi", il n'y a pas grand chose à faire. C'est donc aux gens de bonne foi que je m'adresse, en leur disant que pour être digne de représenter le mouvement ouvrier, il n'est pas requis d'être ouvrier soi-même, mais d'affirmer, par son adhésion à un parti politique ouvrier et par la continuité de son engagement, sa solidarité avec la classe ouvrière.
"Il n'est même pas ouvrier, il est professeur" (sic) !! Je sais d'où les journalistes tiennent ce secret de polichinelle concernant ma profession. Le premier à l'avoir "révélée" et à en avoir tiré argument n'a pas supporté de voir son espace politique réduit à un malheureux blog nourri par le ressentiment. Les journalistes et autres chroniqueurs d'occasion ont repris l'argument tel quel, sans s'informer davantage et sans s'interroger sur sa valeur. Tout cela ne mériterait même pas une esquisse de réponse si l'un de ces individus "bien informés" ne s'était aventuré sur un autre terrain en déclarant que je m'étais "découvert une âme d'ouvrier".
Non, Monsieur, je ne me suis pas "découvert sur le tard une âme d'ouvrier : cette âme m'a été léguée, je l'ai reçue en héritage, et d'abord de François Berthelot (1894-1967), mon grand-père paternel qui non seulement a été ouvrier toute sa vie, mais qui a vécu intensément, à travers deux guerres mondiales ainsi qu'à travers les succès et les défaites des combats ouvriers, la première partie du siècle dernier.
La première guerre mondiale avait nourri en lui des réflexions aussi justes que profondes sur la nature de l'homme et sur l'histoire, qui sont restées gravées en ma mémoire. Lui savait, bien avant Brel, pourquoi "ils ont tué Jaurès". Il savait aussi pourquoi ils l'avaient envoyé mourir à la guerre à travers tous les "champs d'horreur" de cette grande boucherie. Il avait compris que c'était le mouvement ouvrier que l'on voulait tuer.
Il avait survécu pourtant, avec le sentiment aigu que s'il en avait réchappé alors que tant d'autres y étaient restés, c'était par une suite extraordinaire de hasards inexplicables et que cela lui faisait un devoir de témoigner de ce qu'il avait vécu et des réflexions qu'il y avait faites . Il avait appris que les classes possédantes sont toujours prêtes à tout pour garder leurs privilèges, et qu'elles ne reculent jamais devant rien, même pas le sacrifice de millions d'hommes. Il le savait, et il le disait, et je l'ai entendu, moi qui n'étais alors qu'un enfant.
Certes, il n'avait guère fréquenté l'école dans le coin perdu de Bretagne où il était né et où l'école publique est restée longtemps "l'école du diable", mais il avait appris à lire "au cul des vaches", au sens littéral de l'expression. Il avait en effet gardé les vaches et s'était cultivé par ses propres moyens. Je me souviens qu'il citait volontiers Chateaubriand (un "pays"), et d'autres auteurs qu'il n'était pas courant de fréquenter lorsqu'on était ouvrier. Il était autodidacte, mais peut-être pour cela, convaincu des vertus et de l'importance de l'école de Jules Ferry et de l'instruction publique. Je n'ai pas besoin de dire pourquoi il aurait été fier de me savoir professeur de cette école. Je n'ai pas besoin de dire pourquoi je suis fier de porter sa mémoire, qui donne un sens à tous mes engagements, qu'ils soient philosophiques, syndicaux ou politiques, ou encore au service des loisirs sociaux ou de l'éducation populaire.
Je suis resté fidèle à l'héritage ; jamais la chaine n'aura pu être rompue. Mon engagement d'aujourd'hui s'enracine dans cette mémoire toujours vivante. Je n'ai pas besoin d'aller chercher ailleurs une "âme ouvrière" ; elle est en moi ; elle est moi.
Plutôt une guerre qu'une révolution, ont décidé les capitalistes d'avant 1914 et d'avant 1940 ; plutôt l'Europe qu'une révolution, ont dit "les pères de l'Europe", en parfait accord avec les ploutocraties transnationales de la mondialisation libérale. A chaque fois, il s'agissait de briser le mouvement ouvrier, d'en détruire les conquêtes. A chaque fois, le mouvement ouvrier a su renaitre de ses cendres, parce qu'il avait su maintenir une conscience de classe, une identité, "une âme", diront d'autres. Au plus fort de la bataille, les poilus de 1914, qui avaient compris qu'ils étaient les dupes et les victimes de l'union sacrée, formaient la perspective des combats à venir.
Voilà ce qu'est l'âme d'un ouvrier : une volonté de maintenir la mémoire, de renouer les fils que tant d'autres s'évertuent à dénouer pour y fonder les combats à venir.
Voilà pourquoi je ne reconnais à personne le droit de dire que je "me suis découvert une âme d'ouvrier". Encore une fois, cette "âme", je l'ai reçue en héritage, et je la maintiens par ma volonté et la constance de mes engagements. Ce ne sont tout de même pas les "retourneurs de vestes" et les spécialistes du zigzag qui vont ici me donner des leçons et me dire qui je suis !
Il me suffirait ici de renvoyer à l'article "Pour lever tout malentendu",
si cela pouvait suffire en effet, à lever les malentendus, mais je crains en la circonstance d'avoir affaire à des sourds qui ne veulent rien entendre : contre ce genre de surdité, qui s'appelle encore "mauvaise foi", il n'y a pas grand chose à faire. C'est donc aux gens de bonne foi que je m'adresse, en leur disant que pour être digne de représenter le mouvement ouvrier, il n'est pas requis d'être ouvrier soi-même, mais d'affirmer, par son adhésion à un parti politique ouvrier et par la continuité de son engagement, sa solidarité avec la classe ouvrière.
"Il n'est même pas ouvrier, il est professeur" (sic) !! Je sais d'où les journalistes tiennent ce secret de polichinelle concernant ma profession. Le premier à l'avoir "révélée" et à en avoir tiré argument n'a pas supporté de voir son espace politique réduit à un malheureux blog nourri par le ressentiment. Les journalistes et autres chroniqueurs d'occasion ont repris l'argument tel quel, sans s'informer davantage et sans s'interroger sur sa valeur. Tout cela ne mériterait même pas une esquisse de réponse si l'un de ces individus "bien informés" ne s'était aventuré sur un autre terrain en déclarant que je m'étais "découvert une âme d'ouvrier".
Non, Monsieur, je ne me suis pas "découvert sur le tard une âme d'ouvrier : cette âme m'a été léguée, je l'ai reçue en héritage, et d'abord de François Berthelot (1894-1967), mon grand-père paternel qui non seulement a été ouvrier toute sa vie, mais qui a vécu intensément, à travers deux guerres mondiales ainsi qu'à travers les succès et les défaites des combats ouvriers, la première partie du siècle dernier.
La première guerre mondiale avait nourri en lui des réflexions aussi justes que profondes sur la nature de l'homme et sur l'histoire, qui sont restées gravées en ma mémoire. Lui savait, bien avant Brel, pourquoi "ils ont tué Jaurès". Il savait aussi pourquoi ils l'avaient envoyé mourir à la guerre à travers tous les "champs d'horreur" de cette grande boucherie. Il avait compris que c'était le mouvement ouvrier que l'on voulait tuer.
"Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes..."
Il avait survécu pourtant, avec le sentiment aigu que s'il en avait réchappé alors que tant d'autres y étaient restés, c'était par une suite extraordinaire de hasards inexplicables et que cela lui faisait un devoir de témoigner de ce qu'il avait vécu et des réflexions qu'il y avait faites . Il avait appris que les classes possédantes sont toujours prêtes à tout pour garder leurs privilèges, et qu'elles ne reculent jamais devant rien, même pas le sacrifice de millions d'hommes. Il le savait, et il le disait, et je l'ai entendu, moi qui n'étais alors qu'un enfant.
Certes, il n'avait guère fréquenté l'école dans le coin perdu de Bretagne où il était né et où l'école publique est restée longtemps "l'école du diable", mais il avait appris à lire "au cul des vaches", au sens littéral de l'expression. Il avait en effet gardé les vaches et s'était cultivé par ses propres moyens. Je me souviens qu'il citait volontiers Chateaubriand (un "pays"), et d'autres auteurs qu'il n'était pas courant de fréquenter lorsqu'on était ouvrier. Il était autodidacte, mais peut-être pour cela, convaincu des vertus et de l'importance de l'école de Jules Ferry et de l'instruction publique. Je n'ai pas besoin de dire pourquoi il aurait été fier de me savoir professeur de cette école. Je n'ai pas besoin de dire pourquoi je suis fier de porter sa mémoire, qui donne un sens à tous mes engagements, qu'ils soient philosophiques, syndicaux ou politiques, ou encore au service des loisirs sociaux ou de l'éducation populaire.
Je suis resté fidèle à l'héritage ; jamais la chaine n'aura pu être rompue. Mon engagement d'aujourd'hui s'enracine dans cette mémoire toujours vivante. Je n'ai pas besoin d'aller chercher ailleurs une "âme ouvrière" ; elle est en moi ; elle est moi.
Plutôt une guerre qu'une révolution, ont décidé les capitalistes d'avant 1914 et d'avant 1940 ; plutôt l'Europe qu'une révolution, ont dit "les pères de l'Europe", en parfait accord avec les ploutocraties transnationales de la mondialisation libérale. A chaque fois, il s'agissait de briser le mouvement ouvrier, d'en détruire les conquêtes. A chaque fois, le mouvement ouvrier a su renaitre de ses cendres, parce qu'il avait su maintenir une conscience de classe, une identité, "une âme", diront d'autres. Au plus fort de la bataille, les poilus de 1914, qui avaient compris qu'ils étaient les dupes et les victimes de l'union sacrée, formaient la perspective des combats à venir.
"Dans la fournaise,
Nous chantons la Marseillaise (...)
On garde l'Internationale
Pour la victoire finale.
On la chantera au retour."
Chansons de la Grande Guerre.
Lettre d'un socialo.
Nous chantons la Marseillaise (...)
On garde l'Internationale
Pour la victoire finale.
On la chantera au retour."
Chansons de la Grande Guerre.
Lettre d'un socialo.
Voilà ce qu'est l'âme d'un ouvrier : une volonté de maintenir la mémoire, de renouer les fils que tant d'autres s'évertuent à dénouer pour y fonder les combats à venir.
Voilà pourquoi je ne reconnais à personne le droit de dire que je "me suis découvert une âme d'ouvrier". Encore une fois, cette "âme", je l'ai reçue en héritage, et je la maintiens par ma volonté et la constance de mes engagements. Ce ne sont tout de même pas les "retourneurs de vestes" et les spécialistes du zigzag qui vont ici me donner des leçons et me dire qui je suis !
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