Sarkozy/Bertrand/Fillon/André

Répartition des rôles

Sarkozy s'installe dans l'impopularité, peut-on lire dans le Monde du 26 février : près de 20 points d'écart entre le Président et son premier Ministre. Cette chute spectaculaire et cet écart sans précédent ont été diversement interprétés. La chute du premier est souvent expliquée par ses écarts de conduite et de langage, bref par son caractère et son tempérament, ce qui permet de ne pas les mettre au compte de ses "réformes". L'indice de confiance à l'égard du second peut alors être analysé comme la reconnaissance de sa maitrise et l'approbation des "réformes" entreprises. Analyse un peu courte, qui mélange psychologie et politique, alors qu'une réflexion plus approfondie montre que Fillon ne se maintient dans les sondages que par un effet de contraste et par une répartition des rôles. Sarko l'excité, Fillon le calme ; Sarko le caractériel, Fillon le placide. Il est vrai que, sous la Ve République, c'est en général le Premier ministre qui sert de "fusible" au Président , alors que tout se passe aujourd'hui comme si c'était le Président qui s'exposait à tous les coups pour sauver, non pas son ministre, mais la réforme qu'il l'a chargé de mettre en oeuvre. Cette curieuse répartition des rôles est donc l'effet de ce que l'on a appelé "l'hyper présidentialisation" du régime. Si Sarkozy n'entend "changer ni le style, ni le fond", ce n'est pas parce qu'il serait suicidaire, mais parce que cela relève d'une stratégie. Cette stratégie n'est peut être pas murement réfléchie ni délibérée ; on peut être enclin à penser qu'elle se met en place au coup par coup, de manière quelque peu erratique, ce qui montre les limites et les écueils du volontarisme sarkozien. Pendant ce temps (car il ne faut pas oublier les tensions internes à ce gouvernement et les ambitions personnelles des différents ministres), Xavier Bertrand est en embuscade et, en même temps qu'il s'emploie à apparaître comme le premier ministrable, conduit, de conserve avec Fillon, les "réformes" les plus funestes pour les acquis sociaux et le droit du travail.

Quel rapport avec Saint-Quentin, dira-t-on ?

D'abord Xavier Bertrand constitue le lien entre le niveau national et le niveau local, et l'on retrouve au niveau local une répartition des rôles qui ne manque pas de rappeler le niveau national.

  • Aux emportements du Chef de l'État répondent la morgue, l'insolence et les invectives de Pierre André, tant à l'égard des commerçants du centre-ville que des fonctionnaires.
  • Si Sarkozy met toute sa politique au service du patronat, Pierre André est localement l'homme du MEDEF, cela ne fait mystère pour personne.
  • A la tranquille résolution de Fillon répond localement la placidité de l' adjoint du Maire, sa "gentillesse", sa "simplicité", diront certains.
Xavier Bertrand tire tous les bénéfices d'une telle configuration. Certains Saint-Quentinois pensent peut-être qu'il est utile, pour Saint-Quentin, de compter, dans son conseil municipal, un ministre aussi proche du chef de l'État que Xavier Bertrand.
C'est un leurre : Pierre André, l'homme du MEDEF, pourra, en s'appuyant sur Xavier Bertrand, l'homme des assurances, s'attaquer de plus belle aux acquis sociaux, aux services publics, et en particulier au système de santé au profit des assurances privées. Comment imaginer que cette droite-là puisse (comme Pierre André le prétend dans la plaquette racoleuse qu'il a adressée à tous les Saint-Quentinois) conduire une politique en faveur du logement social, en faveur de l'emploi, en faveur des services publics et de la solidarité ? Il en avertit les Saint-Quentinois d'ailleurs : "La solidarité ce n'est pas l'assistanat" (p 28). Cette formule polémique indique qu'il appartiendra à chacun de pourvoir à l'essentiel de ses dépenses de santé, une fois qu'auront été peu à peu et de plus en plus radicalement mis à mal les systèmes de santé et de solidarité construits par les générations précédentes.

Ces promesses, Pierre André et Xavier Bertand ne pourront ni ne voudront les tenir. Seule la liste "Unité de toute la gauche pour Saint-Quentin" conduite par Jean-Pieere en aura la volonté et la capacité, car ce sont des promesses de gauche. Les "réformes" conduites par Sarkozy/Fillon/Bertrand au niveau national et relayées par André/Bertrand au niveau local sont d'une tout autre nature : elles visent à détruire toutes les conquêtes sociales et là démanteler le droit du travail pour satisfaire aux exigences libérales de l'Union Européenne, quitte à sacrifier la souveraineté nationale.

C'est à quoi s'emploie Sarkozy qui, loin d'être le garant des institutions, comme il le devrait, s'efforce d'en ruiner les fondements et de les détruire une à une, à mesure qu'elles font obstacle à ses décisions. Il avait déjà porté un coup fatal à la constitution en faisant fi du non français au projet de constitution et en faisant passer en force le traité de Lisbonne sans même avoir recours à un nouveau référendum. Il va aujourd'hui jusqu'à contester le principe de non rétroactivité des lois et s'évertue à contourner l'avis du conseil constitutionnel pour imposer sa loi sur la "rétention de sureté". S'il s'obstine dans sa démarche, il lui faudra procéder à une nouvelle révision de la constitution et la valider, sans difficulté si l'on en croit les sondages, par la voie du référendum. Osera-t-il aller jusque là ?

Voilà pourquoi il faut congédier l'équipe municipale Pierre André/Xavier Bertrand. C'est non seulement le seul moyen de restaurer la démocratie communale à Saint-Quentin, mais encore de marquer un coup d'arrêt à la politique Sarkozy, Fillon, Bertrand.

Il y a urgence !

PS (Post scriptum). Je me rends compte, à la lecture de ce texte, que je n'ai pas tiré toutes les conséquences de mon analyse :

La Ve République, qui comportait dès le départ, des risques de dérive totalitaire (Cf."Le coup d'État permanent de François Mitterrand) est maintenant arrivée au terme ultime de sa décomposition en entrant en contradiction avec ses propres principes et avec les principes fondateurs de la République.

  • Reniement du principe de la séparation des pouvoirs et notamment du politique et du judiciaire, ainsi que de l'exécutif et du législatif.
  • Mise en cause du principe de séparation des églises et de l'État, par des attaques répétées contre la laïcité.
  • Abandon de la souveraineté nationale comme fondement de la République (Cf. le texte : "Révision de la Constitution").
Comment définir ce régime, qui n'est plus républicain, sinon comme un avatar du bonapartiste ou encore du pétainiste ?

Il n'y a plus d'autre choix, pour les républicains, que de refonder la République en réalisant les conditions de la convocation d'une assemblée constituante émanant du peuple français.

La question est d'ores et déjà posée et ne peut plus être éludée : il est indispensable d'y réfléchir dès à présent. Nous avons tous une responsabilité vis à vis de la République.






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