Cinglé


Il est cinglé, Pierre André.

Que l'on se rassure : ce blog n'est pas devenu un lieu où l'on pratique l'injure. Le titre, s'il peut paraître provocateur et discourtois, n'est rien d'autre que le pastiche d'une pub bien connue : "Il est fou, Afflelou, il est fou". Et pourquoi est-il fou, Afflelou ?
Parce qu'il vend deux paires de lunettes, ou davantage, pour le prix d'une. Au moins est-ce ce que nous dit la pub

Et quel rapport avec Pierre André ?

L'invitation du Sénateur de l'Aisne et Maire de Saint-Quentin à une réception donnée en l'honneur d'Alain Afflelou, bien sûr ! Et à quel titre? "A l'occasion des 20 ans de l'implantation de la franchise à Saint-Quentin" ! Et dans quel cadre cette manifestation ? A l'Hôtel de Ville de Saint-Quentin, salle des mariages, s'il vous plaît ! Si vous aimez le champagne, voilà une occasion à ne pas manquer, car on peut parier qu'il coulera à flots, pour accueillir un si grand personnage, un si grand bienfaiteur de la ville car, le sait-on, sous sa franchise se sont ouverts trois magasins à Saint-Quentin : un dans la ville, deux en centre commercial.

On nous rappelle donc tous les mérites de ce glorieux personnage. On nous apprend d'abord qu'il est d'origine modeste : cela pose son homme et n'en rend que plus exemplaire son éclatante réussite. On imagine à quel point ce fils de parents boulangers né en Algérie a dû travailler dur pour devenir tellement riche. Plus il implante de magasins, plus il gagne ! Alors qu'il a ouvert son premier magasin en 1978, le centième est ouvert en 1985, nous apprend le panégyrique de la plaquette municipale. Le journal "Les Echos" du 14 juin 2007, nous apprend que les choses n'en sont pas restées là :

"Les ventes annuelles des réseaux Alain Afflelou ont atteint 566,2 millions d'euros. Sur ce total, 545,9 millions d'euros ont été réalisés par l'enseigne Afflelou, au cours de l'exercice 2006-2007 Les ventes générées par l'ensemble des réseaux Alain Afflelou, soit les enseignes "Alain Afflelou", "Plurielles" et "Optique Carrefour", ont enregistré une hausse de 7,8 % au cours de l'exercice fiscal 2006-2007, clos fin février. Réalisées via 872 magasins - soit 72 de plus qu'il y a un an -, elles pèsent désormais 566,2 millions d'euros, contre 525 millions réalisés lors du précédent exercice. Sur ce total, 545,9 millions d'euros sont totalisés par l'enseigne Afflelou, via 840 points de vente, avec une croissance organique de 2%. Dans le même temps, le chiffre d'affaires d'Alain Afflelou SA affiche une progression de 10,9 % sur l'année, à 164,3 millions d'euros, avec 135,2 millions pour le chiffre d'affaires franchiseur (+7,6 %) et 32,4 millions pour le chiffre d'affaires succursaliste (+27,6 %)."

Apparamment, les choses ne vont pas trop mal pour ce fou d'Afflelou : il est des asiles moins dorés ! Mais là n'est pas le problème : mon propos n'est pas de parler de Monsieur Afflelou, de sa fortune et de ses bonnes fortunes, dont je n'ai d'ailleurs rien à dire. Il est plutôt de parler de cette "réception donnée par Pierre André en l'honneur de la venue à Saint-Quentin de Alain Afflelou", aux frais des administrés, car il est à l'évidence des hommes plus dignes d'être honorés, et plus dignes des fastes de la République qu'Alain Afflelou. En l'honorant ainsi, Pierre André indique sans ambages son modèle d'homme, et son modèle de société. La société idéale, pour Pierre André, c'est une société de commerçants et d'affairistes. Je ne résisterai pas ici au plaisir de citer Nietzsche :

" On assiste aujourd'hui en plusieurs endroits à l'apparition de la culture d'une société dont le commerce constitue l'âme ".

Pierre André, à Saint-Quentin, et à notre époque, est le vecteur de la culture de cette société dont parlait Nietzsche il y a pus d'un siècle ! C'est bien en ce sens qu'il est l'homme du commerce, et l'homme du Medef.

Mais que diront les concurrents saint-quentinois d'Alain Afflelou (Brisset, Vanrullen, Vision Plus, Kryss Blot, Demonchaux, Derasse, R.D. Optique, Optique 2000, les Opticiens mutualistes, et j'en passe...), tous ceux qui ne bénéficient pas d'une telle publicité gratuite autant que flatteuse ? Et comment jugeront-ils la manière dont Pierre André applique le principe de cette "concurrence libre et non faussée" dont il est un chantre ?

Peut-être serait-il plus sage s'il se posait ces questions.







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