Colère de militant



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Il arrive à tout militant d'être saisi de colère devant l'image que les médias , à l'entière dévotion du pouvoir, donnent de ses positions et de son action. Le pire est encore le silence dans lequel ils étouffent des informations pourtant essentielles aux Français et, en particulier à la population ouvrière. On a pu voir plus de 10 000 manifestants passés à la trappe parce que leurs mots d'ordre déplaisaient au pouvoir, et autant, sinon plus de pétitions, pour des raisons analogues.
Et il y de quoi se décourager: comment un mouvement pourrait-il être popularisé, comment une action pourrait-elle aboutir si personne, en dehors de ses initiateurs et de ses participants, n'en sait rien ? Dans un monde où ce que l'on ne lit pas dans la presse et, surtout où ce que l'on ne voit pas à la télé, n'existe pas, que faire ? Faut-il désespérer ?
Comment retenir l'attention des médias, comment obtenir leur reconnaissance ? Est-ce qu'une telle reconnaissance est vraiment la condition de l'action politique aujourd'hui ? Car, à cet égard, on ne peut pas dire que le POI soit bien servi par les médias ; on est confondu par le soin qu'ils mettent à taire toute bribe d'information le concernant, jusqu'à taire son existence, même lorsqu'ils parlent de "la gauche de la gauche", de "l'extrême gauche", ou de "l'ultra gauche" , selon une terminologie qu'ils affectionnent ! Comment s'étonner alors que, dans un tel état de désinformation, les gens deviennent couards, serviles et pleurnichards ?

C'est ce dont se plaint Didier Pesteil, dans "Le salarié du Lot". Il va sans dire que je n'aurais jamais eu connaissance de cet article si une camarade n'avait eu l'amabilité de me le faire parvenir, ce qui aurait été bien regrettable, car il est intéressant à plus d'un titre.

D'abord, il témoigne que malgré le black-out des grands médias, un article écrit dans l'organe officiel de l'Union départementale CGT du Lot (dont j'indique ici le site : échange de bons procédés) a pu être porté à ma connaissance et mis en ligne sur le site du POI de Saint-Quentin. C'est cette unité à la base qui permet de briser le silence et de diffuser l'information. Les nombreux blogs des comités locaux du POI contribuent, malgré le boycott officiel, à faire connaître les positions du parti, ses analyses, ses publications et, au delà, de nouer des contacts avec d'autres organisations.

Ensuite, comme le dit Didier Pesteil, si "les moutons contents d'être livrés au prédateurs qui les dévorent" sont légion, et si ces esclaves consentants se font les complices de leurs exploiteurs en dénonçant toute velléité de révolte, il reste néanmoins des hommes courageux qu'on ne contraindra jamais à "se laisser plumer comme des pigeons", des résistants déterminés et lucides bref, des militants, la question étant, bien sûr, de savoir qui peut l'emporter dans ce combat où les armes semblent tellement inégales !

"Parfois, un citoyen sort du lot, note "le salarié du Lot". C'est vrai, et c'est heureux, mais il faut aller plus loin : à propos des grèves de cheminots dont il est question dans l'article, les commentaires haineux qui prolifèrent sur Internet et dans la presse, les protestations et récriminations des "usagers du service public exaspérés "d'être pris en otages" par les fonctionnaires et les syndicats", n'empêchent pas les mouvements de se développer et les luttes, parfois, d'aboutir. Les prises de position clairvoyantes et courageuses d'autres "usagers" dont le propos n'est pas dicté par le journaliste qui leur tend le micro attestent également que les journalistes sont bien présomptueux lorsqu'ils se prétendent les interprètes de l'opinion publique.
Il est vrai qu'on ne peut que s'indigner lorsqu'on voir quels intérêts et quelles idéologies servent les journalistes starisés qui pérorent sur les antennes. Je remercie la camarade qui, en même temps que le texte de Didier Pesteil, m'a fait connaître ce que dit Françoise Laborde dans un de ses ouvrages où elle désigne les cheminots comme des privilégiés et des collabos ! Encore une fois, que faire contre une telle presse ? Le rouleau compresseur de l'opinion dominante n'est-il pas assuré de l'emporter sur les quelques militants courageux, les quelques résistants, les quelques dissidents ?

"C'est une étrange et longue guerre que celle de la vérité contre la violence", faisait remarquer Pascal qui annonçait, contre toute vraisemblance et toute attente la victoire finale de la vérité. Je me permettrai ici de dégager l'analyse pascalienne de son contexte pour l'appliquer à l'opinion dominante et à la lutte de classe.

Bien sûr, si l'on ne considérait que la puissance des médias et de tous les instruments à décérébrer qu'a forgés la société moderne, on ne serait guère porté à miser sur la victoire du mouvement ouvrier, et l'on ne s'étonnerait pas que "ce peuple d'avachis" que serait devenu le peuple de France "soit prêt à tout accepter", à tout souffrir, y compris et d'abord les grossiers préjugés véhiculés par les médias officiels. Mais cette "opinion publique", (qui n'est pas tant l'opinion du public que l'opinion à laquelle le public est invité à conformer son opinion) a tôt fait de se retourner lorsque tourne le "vent de l'Histoire". C'est au moins ce que montre la crise : on ne peut plus dire avec elle ce que l'on disait avant elle, et même les plus cyniques, ceux qui s'emploient à en récupérer les dommages à leur profit, ne s'y essaient plus.

Cela ne signifie pas, bien sûr, qu'il faille abandonner le terrain idéologique, mais que le combat idéologique, plus que jamais indispensable, se présente sous d'autres auspices et que pour le mener, il faut savoir que la conscience ouvrière n'est jamais totalement assoupie.





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