Palestine

Cessez le feu !
Levez le camp !!

Ce n'est pas un article de fond que je vous propose aujourd'hui. Le sujet ne s'y prête pas. Il serait même indécent de gloser sur les causes alors que meurent des hommes et des femmes ; il serait obscène de développer de doctes discours sur les responsabilités respectives des uns et des autres alors qu'agonisent des enfants et des vieillards. Bien sûr qu'il y a des causes, bien sûr qu'il y a des responsabilités, bien sûr qu'il faudra des analyses de fond pour les expliquer et pour les établir, mais ce n'est pas le moment d'en débattre comme l'on cause dans les salons, avec flegme, et de manière distanciée, alors que pleuvent les bombes sur Gaza ! Le moment est celui de l'urgence, et en ce temps d'extrême urgence, et d'extrême péril, il n'y a qu'un mot qui convienne, et c'est un cri :

Arrêtez-cela, immédiatement !
Videz les lieux !

Evacuez Gaza !

Cela ne souffre pas de discussion, et pour le dire, il ne sera pas utile de remonter à 1897, ou à 1917, ou à 1945, ou à 1948. Il ne sera pas davantage nécessaire d'user des mots de "sionisme" ou "d'islamisme". Il est vain d'argumenter, quand c'est pour s'envoyer au visage ce type d'arguments, qui tournent aussitôt à l'injure. J'ai vu ces temps-ci trop de polémiques stériles qui font l'impasse sur l'essentiel : on meurt aujourd'hui à Gaza !

Il ne s'agit que de constater, et voilà ce que je constate :

Une armée moderne, au faîte de sa puissance, ne peut être dans son droit lorsqu'elle envahit un territoire sans protection et massacre un peuple désarmé. Aucune des raisons invoquées par la puissance dominante ne peut résister à cette évidence, qui balaie toute confusion possible entre les bourreaux et les victimes.

Cette évidence est confirmée par l'incommensurabilité des pertes de part et d'autre. Comment ceux qui sont incontestablement des envahisseurs pourrraient-ils arguer de leur défense légitime, alors que ce n'est même pas la loi du talion ("oeil pour oeil, dent pour dent") qu'ils appliquent (car il faudrait encore pour cela que le châtiment soit identique, ou au moins proportionné à l’offense), mais une loi implacable et inhumaine ?

Que l'on ait été victime du pire ne saurait autoriser à se rendre coupable du pire ; que l'on ait subi l'irréparable ne saurait justifier que l'on accomplisse l'irréparable : on connaît trop ce processus par lequel les anciennes victimes se transforment en bourreaux.
  • Qui, mieux que les Israéliens, devrait le savoir ?
  • Se rendent-ils compte qu'ils sont en voie de valider cette théorie de la "banalité du mal" qu'ils ont tant combattue, par la raison qu'elle exonérait les crimes nazis de leur atroce singularité ?
Oui, j'ose dire que les Israéliens sont en train d'administrer la preuve que la bête immonde n'est pas morte, et qu'ils ne sont plus très loin d'en revêtir la peau ! Ils ont déjà commis l'irréparable, et risquent fort de mener cette dynamique de l'irréparable jusqu'à son terme. Tsahal, en prétendant exterminer le Hamas, n'a-t-elle pas déjà songé, au nom de la "sécurité du peuple israélien", à une autre "solution finale" .

Car les tirs de roquettes des Palestiniens, pour meurtriers qu'ils soient, ne sont manifestement qu'un prétexte, qui a été "généreusement" fourni aux Israéliens par le Hamas.

ll y a, certes, de part et d'autre, de sordides calculs et de pitoyables manœuvres. De cette guerre odieuse, dont les plus démunis et les plus faibles sont, comme toujours, les victimes, quelques uns escomptent divers profits, en Israël, en Palestine, et bien sûr, ailleurs ! Et ce sont ces derniers qui, comme d'habitude, mènent le jeu !

Le peuple palestinien, comme tous les peuples, aspire à la paix. Qu'on le laisse en paix !

Il ne s'agit pas seulement, on s'en doutera, de faire appel à la bonne volonté des uns et des autres pour établir cette paix. Il ne s'agit pas davantage à présent d'en indiquer les voies. Aujourd'hui, il faut "simplement" exiger l'arrêt des combats (si l'on peut parler de combat lorsque les forces sont à ce point disproportionnées) et l'évacuation totale de Gaza: c'est à la fois d'une extrême simplicité et d'une très grande difficulté !

Ce ne sont pas les Etats-Unis d'Amérique qui le feront : le silence d'Obama sur la question le montre assez. Il ne faut pas compter davantage sur l'Union européenne : les gesticulations et les rodomontades de Sarkozy ne font pas illusion. Il n'y a guère, pour le moment, que les opinions publiques qui puissent faire pression sur les gouvernements, et par cela faire reculer le pouvoir israélien. C'est le mot d'ordre que donne le POI, et qui devrait sans trop de difficulté rallier toutes les forces ouvrières et démocratiques.

Halte au massacre à Gaza.

Pour l'analyse de fond, car il en faudra une, je compte sur les remarques, sur les commentaires, sur les contributions.

Je me dispose, dès à présent, à mettre en ligne un article plus étoffé, plus approfondi et plus argumenté sur la question.
Pour cela, il ma faut un peu de temps.


Mais aujourd'hui, je ne vois qu'une chose à dire : elle est des plus simple, et il n'y a qu'aux Israéliens que je puisse la dire:

Cessez le feu !
Levez le camp !!

Arrêtez-cela, immédiatement !
Videz les lieux !

Evacuez Gaza !

Halte au massacre à Gaza.

Paix pour le peuple palestinien.

En espérant que ces mots d'ordre enfleront dans toutes les manifestations, et que c'est par millions que les hommes du monde entier les crieront tant et si bien que personne ne pourra y rester sourd, pas même les Israéliens !





2 commentaires:

Anonyme a dit…

"Il n'y a guère, pour le moment, que les opinions publiques qui puissent faire pression sur les gouvernements, et par cela faire reculer le pouvoir israélien."
Faire pression sur le gouvernement français pour qu'il fasse quoi en définitive ? Qu'il propose une résolution à l'ONU ? Qu'il envoie sur place des émissaires pour inciter les pays potentiellement influents sur l'une des parties à agir et à obtenir que les protagonistes se parlent ? N’est ce pas ce que fait déjà le gouvernement français alors que la France est absente des débats dans cette partie du monde depuis plusieurs décennies ?

L’opinion publique française était, d’après les instituts de sondages, généralement pro palestinienne (on se range derrière les plus faibles à ce qu’il parait) mais pas cette fois. Il semblerait, d’après ces mêmes instituts, que l’opinion soit plus partagée. Les explications peuvent être nombreuses, mais l’opinion était probablement plus proche d’un Arafat que d’un groupe islamiste ayant réglé ses comptes de manière particulièrement radicale avec ses opposants du fatah. Simplement pour dire que le gouvernement français n’attend probablement pas que l’opinion publique soit derrière lui pour faire quelque chose.

On objectera que ce gouvernement agit pour détourner l’opinion des vrais problèmes de la société française, ou qu’il agit par intérêt géostratégique ou que le président Sarkozy ménage un électorat juif pour 2012, voir qu’il ne sait pas quoi faire d’autre. M’enfin, au moins le gouvernement français cherche à faire cesser les combats sans prendre partie pour les palestiniens ni pour les israéliens, et quelques soient ses motivations, c’est le cessez le feu qui compte et tout le monde est d’accord pour ça.

Quant à la « solution finale », évoquée dans le texte, c’est très « exagéré ». Tsahal peut être comparée à la Wehrmacht, pourquoi pas, mais cette dernière n’était pas à l’origine ni l’organisatrice de la solution finale dans l’Europe de la seconde Guerre mondiale. Ensuite les médias français relayent les avis d’une porte parole de l’OLP, Leïla Chahid, qui évoque des crimes de guerre, certes ce n’est pas rien, mais rien d’aussi conséquent que la « bête ». Ce conflit ne peut être comparé à une quelconque « solution finale » ni même à une Résistance luttant contre une armée d’occupation. on en est loin.

Bernard Berthelot, secrétaire du comité de Saint-Quentin (02) a dit…

"Faire pression sur le gouvernement français", ce n'est certes pas obtenir de lui qu'il fasse ... ce qu'il a fait ! En tout état de cause, et quelles que soient ses intentions, réelles ou supposées, il n'était pas dans les moyens de Nicolas Sarkorzy d'obtenir un cessez-le feu à Gaza, mais il avait tout avantage à persuader l'opinion qu'il s'y était efforcé. Peut-être eût-il pu faire davantage en tant que Président de l'Union Européenne. Encore eût-il fallu pour cela :

- qu'il le voulût;
- qu'il pût unir derrière lui les nations européennes.

Inutile de gloser sur une question, qui relève de la politique fiction. Néanmoins, ce n'est sans doute pas un hasard si les israéliens ont attendu la fin de la Présidence française pour entreprendre leur opération. Pour "sûr de lui et dominateur" que soit le peuple israélien (au dire de De Gaulle, et je soupçonne mon contradicteur de ne pas être insensible à cette référence), il n'est pas dans ses habitudes de prendre des risques inconsidérés.

Ce n'est donc pas non plus par hasard qu'il a attendu la veille de l'intronisation d'Obama pour accepter de mettre un terme aux combats et de quitter la bande de Gaza. L'opération avait été minutieusement préparée et calculée.Les Israéliens entendaient bien, dans les délais qu'il s'étaient fixés, en finir avec la question palestinienne. C'est en ce sens que je parle de "solution finale" : ils sont allés jusqu'au bout de ce qu'ils pouvaient faire ; comme les Français en Algérie, comme les Américains au Vietnam. Il n'est donc pas "très exagéré" de parler de "solution finale".

- D'abord parce qu'aucune solution "finale" ne peut, paradoxalement, être conduite à son terme.
- Ensuite parce que l'idée d'extermination n'est jamais étrangère aux entreprises de ce genre. Mahmoud Abbas n'avait pas tout à fait tort lorsqu'il a dit que ce qui était recherché, c'était "l'anéantissent d'un peuple".

Il faut alors se demander jusqu'où une "solution finale" doit être menée pour mériter sa qualification.

On pourra toujours dire que Sabra et Chatila au Liban, ce n'est pas Auschwitz et Mathausen, mais enfin, ce sont des massacres abominables ; des crimes contre l'humanité.
On peut se demander pourquoi l'on est tellement indulgent vis à vis des crimes contre l'humanité perpétrés par Israël. Serait-ce que le martyr subi par les Juifs pendant la seconde guerre mondiale leur ouvrirait un droit à massacrer devant l'Histoire ? Nul ne le prétendra ; d'autant que chacun de ces crimes contribue à la "banalisation du mal", particulièrement lorsqu'ils est commis par les Israéliens.

Cela, c'est à l'opinion publique mondiale qu'il appartient de le faire comprendre aux Israéliens, et il n'est pas douteux que les citoyens d'Israël n'aient été sensibles aux manifestations qui se sont développées partout dans le monde, et à l'image qu'elles leur renvoyaient d'eux-mêmes.

Que Tsahal puisse être comparée à la Wehrmacht, cela ne pose pas particulièrement problème, si tant est que n'importe quelle armée en guerre peut être comparée à n'importe quelle autre armée en guerre, et que toutes sont capables du pire. Mais si la résistance palestinienne n'est pas une "résistance luttant contre une armée d'occupation", qu'est-elle alors ? Je citerai, pour répondre à cette question, pour étrange que cela paraisse, un certain Ben Gourion : "Si j'étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C'est normal; nous avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l'a promis, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n'est pas le leur. Il y a eu l'antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu'une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient-ils accepter cela ?" ( David Ben Gourion cité par Nahum Goldmann dans "Le Paradoxe Juif", page 121)

Je ne prétends pas qu'il faille en rester là. Les Israéliens considèrent généralement que tous ceux qui ne sont pas inconditionnellement avec eux sont irrémédiablement contre eux, et ils n'hésitent pas, à l'appui de cette conviction, à confondre allègrement anti-sionisme et antisémitisme. J'aimerais que, pour une fois, on inverse la proposition. "le gouvernement français cherche à faire cesser les combats sans prendre partie pour les palestiniens ni pour les israéliens", mais ne pas prendre parti, n'est-ce pas permettre aux Israéliens d'aller au bout de ce qu'ils s'étaient promis de réaliser, de mener à bien leur "solution finale" : en finir une bonne fois avec la question palestinienne ? Il suffit de regarder dans quel état ils ont mis Gaza pour juger de leurs intentions. Il faut qu'ils comprennent qu'à commettre l'irréparable (que l'on ne me dise pas encore que c'est "très exagéré"), ils travaillent à leur propre anéantissement.