Honte à France Inter



Des imbéciles, heureux ou pas.


Ce matin, 5 mars, dans l'édition du 7-9 de France Inter, un journaliste ou une personnalité, bref un individu habilité à intervenir sur les ondes dans cette tranche d'informations matinales, a ironisé à propos de certaines réactions aux propositions de la commission Balladur. Il s'en est pris à tous ces "conservateurs" arc-boutés selon lui à leurs fiefs locaux et immodérément attachés, qui à sa commune, qui à son canton, qui à son département et prêts à tout pour que rien ne change ! Et de citer Brassens : on n'a pas fini de les entendre, "les imbéciles heureux qui sont nés quelque part".

Je n'ai pas cherché à savoir qui, précisément, a tenu ces propos, préférant garder à mon profond mépris un caractère impersonnel. Ainsi, les 36 000 maires des 36 000 communes de France, ainsi que leurs adjoints ; les conseillers municipaux et les conseillers généraux de tous bords ne seraient rien d'autre que des imbéciles fieffés, arrimés à leurs privilèges, des inutiles acharnés à parasiter la fonction publique, et j'en passe...

A ce titre, Gérard Schivardi serait un imbécile heureux qui est né à Mailhac, ou en tout cas qui en est le maire. Je rappelle qu'il a également été élu conseiller général de Ginestas (Aude), puis démis de cette fonction par le tribunal administratif de Montpellier, et déclaré inéligible pendant un an parce qu'il n'avait pas ouvert de compte de campagne et avait payé de ses propres deniers une facture d'imprimerie pour un montant de 223,45 euros, correspondant à des convocations à des réunions publiques."

Cette décision scandaleuse du tribunal administratif de Montpellier montre à quel point ceux-là mêmes qui sont en train de préparer la liquidation des communes et des départements — sous prétexte que " l’échelon régional constitue le niveau d’administration le mieux adapté à la mise en œuvre des politiques européennes" — savent l'importance de la commune et du département pour l'exercice de la démocratie et l'existence de la République. Mais de la démocratie et de la République, ils n'ont strictement rien à faire. Leur seul souci est d'adapter la structure administrative de la France aux intérêts du capital financier et d’appliquer a tous les niveaux la révision générale des politiques publiques (RGPP) et la loi organique relative aux lois de finances (LOLF) voulues par l'Union européenne..

Alors oui, ces gens-là ont tout à craindre des imbéciles heureux qui sont nés quelque part, de tous ces maires qui se dévouent pour leurs communes, qui oeuvrent pour faire vivre la démocratie communale, parce que c'est dans ce terroir que la démocratie tout court prend sa source. Ils ont tout à craindre des Gérard Schivardi, et c'est pourquoi ils sont prêts à tout contre celui qui est devenu, malgré leurs intrigues, le défenseur des 36 000 communes.

Mais l'imbécile (malheureux ou pas), qui a tenu ces propos sur France Inter, trahit encore sa méconnaissance profonde de Brassens. Parlant des "imbéciles heureux qui sont nés quelque part", Brassens conspuait "la race des chauvins, des porteurs de cocarde", ceux qui "font voir du pays natal jusqu'à loucher", et qui "sortent de leur trou pour mourir à la guerre", non pas cette multitude qui fait vivre la démocratie locale en se mettant au service de ses concitoyens.

Il serait plaisant que cet imbécile, qui connait aussi mal Brassens que le tissu
démocratique de la république française, fût né à Moncuq, non pas que j'aie quelque chose contre cet adorable village du Lot, mais parce que c'est volontiers que j'userais, à l'encontre de ce personnage, de l'homophonie qui a valu au lieu sa réputation, ainsi qu'en l'occurrence, à l'encontre de France Inter ! Les habitants de Moncuq, qu'ils y soient nés ou pas, voudront bien je l'espère, me pardonner. C'est pour la bonne cause !




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