Les deux visages de Darcos


Le va-t-en guerre


Le conciliateur




Qui est le vrai Darcos ?





Décidément, Xavier Darcos n'a pas digéré de voir sa chère réforme passer à la trappe. C'est pourquoi après avoir dû accepter son report, il s'évertue à remettre le couvert .

Il a bien essayé de s'appuyer sur les "points de convergence" signés en 2008 avec les syndicats d'enseignants, mais la tentative a fait long feu. Ces points de convergence sont depuis devenus des points de divergence et des pierres d'achoppement.

Depuis, il développe deux stratégies contradictoires, soufflant le chaud et le froid, faisant alterner l'appel au dialogue et l'invective.

Pour le dialogue, dont il se dit un fervent partisan, mais pour lequel il ne semble pas très doué, il a recours à Richard Descoings, directeur de Sciences-Po Paris, qui fait la tournée des établissements scolaires pour faire passer à la base ce qui n'a pu passer au sommet. De fait, ce chargé de mission n'a pas été choisi par Darcos, mais par Sarkozy lui-même, qui a ainsi doublé son ministre qu'il aurait plus ou moins taxé d'incompétence. De plus, Richard Descoings ne semble pas trouver chez les enseignants de base l'esprit de collaboration qu'il espérait. Il a même été pris à partie par des professeurs peu disposés à une quelconque concertation sur la réforme, rejetée une bonne fois, a fortiori à une expérimentation de ladite réforme.

Bref, ça ne passe pas ! C'est un non ferme et définitif que les professeurs du lycée Pierre de la Ramée de Saint-Quentin, par exemple, ont transmis à Darcos par l'intermédiaire de Descoings et ce non n'est pas passé inaperçu de la presse locale.

Texte du communiqué :
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" LES PROFESSEURS DU LYCEE PIERRE DE LA RAMEE,
qui se sont réunis le 16 janvier ont décidé de s’adresser
aux enseignants et à l’ensemble des personnels, ainsi qu’aux lycéens et à leurs parents.

Tout au long de l’année 2008, les professeurs et les lycéens, largement soutenus par les parents d’élèves, ont exprimé leur refus de la « réforme Darcos » en multipliant grèves et manifestations, jusqu’à en obtenir le report.

Le Ministre a néanmoins essayé d’obtenir l’accord des syndicats d’enseignants sur des « points de convergence » qui devaient être le socle de sa réforme. En vain !

A défaut d’un « accord au sommet », le ministre s’efforce à présent de réaliser un « accord à la base », à la faveur de multiples consultations, concertations et expérimentations dans les établissements.

C’est dans ce cadre que le Recteur de l’académie d’Amiens s’est adressé aux proviseurs des lycées pour « organiser une consultation sur la réforme auprès des lycéens et de leurs représentants élus, des parents d’élèves, des élus locaux, des partenaires économiques » , et qu’il invite à « des expérimentations de la réforme dans les lycées ». (Lettre aux proviseurs des LEGT du 22 janvier 2009).

C’est pour répondre à cette demande du Recteur que M. le Proviseur du lycée Pierre de la Ramée, à l’occasion de la « journée portes ouvertes » du 7 février 2009, a convoqué les professeurs à « une concertation sur la réforme du lycée » et à une « réflexion sur les expérimentations qui pourraient être menées à la rentrée 2009 ».

Les professeurs du Lycée Pierre de la Ramée ont refusé de participer à cette dernière consultation, qui a été finalement annulée, en déclarant :

Hier, nous avons dit NON à la réforme Darcos.

Aujourd’hui, nous disons NON à :

• la consultation sur la réforme,

• l’expérimentation de la réforme,

A présent, ils disent NON à la « concertation du 17 février 2009 ».

• Ils invitent les personnels à faire savoir à M. Richard DESCOINGS, chargé de mission du Ministre, qu’ils ne veulent pas d’une réunion de concertation sur la réforme Darcos.

• Ils invitent les lycéens et leurs parents à ne pas tomber dans le piège d’une « concertation » qui cherche d’abord à faire d’eux les cautions d’une « réforme » désastreuse pour l’école publique.

Contre les manœuvres du Ministre, ils maintiennent plus que jamais leur position :

Il ne saurait être question de concertation tant que la réforme n’aura pas été retirée et tant que les 13 500 postes devant être supprimés n’auront pas été rétablis."
Texte lu le 17 février 2009, en assemblée.

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Face à l'échec répété pour faire passer sa réforme, Darcos montre son vrai visage et tient des propos indignes d'un ministre de la république, qui lui valent une pétition appelant à sa démission.

Qu'on en juge !

PROPOS de Xavier Darcos :

"Il n’y a « aucune raison aujourd’hui objectivement [de repousser la réforme de la formation et du recrutement des enseignants à 2011, comme le demande le bureau de la Conférence des Présidents d’Universités]. D’ailleurs, on me dit "les universités ne voudront pas préparer les étudiants à cela" ; vous savez, moi je recrute 14 000 personnes ; on va les trouver les gens pour passer nos concours. Et aujourd’hui, un professeur sur deux qui est recruté par moi , n’est déjà pas passé par des systèmes de formation des maîtres. Il a tout simplement une licence ou une maîtrise, et il se présente à nos concours et il les a. Donc moi je n’ai pas absolument besoin d’entrer dans des discussions sibyllines avec les préparateurs à mes concours. Je suis recruteur. Je définis les concours dont j’ai besoin. Je garantis la formation professionnelle des personnels que je recruterai . Après, chacun nous suit, ou pas. »


Appel à pétition.

Ces propos sont inadmissibles.

Votre indifférence proclamée envers les demandes formulées par le bureau de la Conférence des Présidents des Universités, par la Coordination Nationale des Universités, par des conseils d’administration, des étudiants, des enseignants et des enseignants-chercheurs, des associations d’universitaires, des syndicats, des parents d’élèves est inadmissible.

Le cynisme avec lequel vous avouez ouvertement que peu vous importe qu’il y ait ou non au sein du service public des préparations aux concours de recrutement des enseignants du service public est inadmissible.

Cette porte grande ouverte aux préparations par des organismes privés à ces mêmes concours est inadmissible.

Surtout, il est inadmissible que vous prétendiez être le recruteur, inadmissible que vous asséniez neuf fois en quelques phrases l’idée que c’est vous qui recrutez, vous qui définissez, vous qui avez besoin, et que ces concours sont les vôtres.

Monsieur, ces propos sont ceux d’un chef d’entreprise. Ils relèvent d’une logique qui est celle du privé. Mais vous n’êtes pas chef d’entreprise, l’école n’est pas une société par actions dont vous seriez le président-directeur général. Vous êtes vous-même au service du recruteur et de l’employeur, qui ne coïncide pas avec votre personne, aussi remarquable puisse-t-elle être : le recruteur et l’employeur, c’est l’Éducation Nationale, c’est l’école de la République, c’est l’école de tous les citoyens, de tous les contribuables, de tous les électeurs, de tous les parents d’élèves, de tous les habitants de ce pays. Vous n’êtes pas doté des pleins pouvoirs. Vous êtes au service des citoyens de ce pays, vous êtes au service de la France.

Monsieur, ces propos vous disqualifient et vous déshonorent. Ils revèlent une confiscation de la res publica, de la chose publique, par un individu. Ils révèlent que vous vous considérez comme le dépositaire unique de la légitimité, dans un domaine qui relève de la volonté populaire. Ils révèlent que vous confondez votre position actuelle de Ministre avec un pouvoir que personne n’a le droit de vous contester, un pouvoir absolu. Vos propos rappellent, Monsieur, le basculement de la démocratie vers une personnalisation tyrannique du pouvoir dont l’histoire a donné maints exemples. Ils sont inacceptables pour tout républicain authentique, de Jules Ferry au Général de Gaulle.

Vous ne tenez votre légitimité de Ministre, Monsieur, que de l’expression de la volonté populaire. La volonté populaire ne vous a pas donné mandat de détruire au nom de la république un système fondé sur les valeurs de la république.

Nous vous accusons, Monsieur, d’indignité républicaine. L’école n’est pas votre propriété. Par vos propos, vous vous êtes montré inapte à assumer vos responsabilités républicaines et le mandat qui vous a été confié par le peuple français. Vous avez révélé que vous méprisiez et ne compreniez pas l’essence même de votre fonction de Ministre.

En tant que citoyens, électeurs, contribuables, parents d’élèves, habitants de ce pays, nous ne reconnaissons plus la légitimité morale et républicaine de la position que vous occupez.

Nous exigeons votre démission.

Décidément, le dialogue n'est plus à l'ordre du jour. La concertation a fait long feu. Quoiqu'en dise Darcos, la réforme n'est pas acquise, et la résistance est plus que jamais de mise.








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