Et la santé, dans tout ça ?



Le système de santé, l'hôpital public, la sécurité sociale de 1945 sont gravement menacés par les contre-réformes, dont la dernière en date, la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires dite loi Bachelot. Nous ne pouvons nous permettre, alors que nous menons campagne pour l'interdiction des licenciements, de relâcher notre vigilence sur ces questions que la crise va rendre enore plus aigües.
  • Les populations les plus fragiles vont être frappées plus durement encore par les déremboursements, les franchises et autres mesures de même farine.

  • Les puissances financières qui ont décidé de mettre la main sur la sécurité sociale et le système de santé sont tout aussi actives, si ce 'est davantage, en ce temps de crise.
Voilà au moins deux bonnes raisons pour ne pas baisser la garde. Nicolas Pomiès et son équipe, qui font un travail remarquable sur ces questions, me font parvenir régulièrement des informations que je relaie couramment sur ce blog. En voici de récentes, qui permettent de mettre l'accent sur l'essentiel. Je renvoie par ailleurs au site de l'UFAL (Union de Familles Laïques), dont le lien figure sur le blog.

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La sécurité sociale dans les mines passe un accord avec Malakoff-Mederic

Préfigurant ce qui se déroulera lors la privatisation prochaine de la Sécurité Sociale et de la marchandisation totale de l'accès aux soins, la Sécurité Sociale dans les Mines, régime spécial issu des luttes de la classe ouvrière des bassins miniers contre l'occupant nazi, vient de signer un accord de partenariat avec l'Institution Paritaire (entendre organisme patronal dirigeant grâce à la division syndicale) Malakoff-Méderic dont le dirigeant est Guillaume Sarkozy ex numéro 2 du MEDEF.
Avec cet accord, Malakoff-Mederic s'offre un réseau de soins particulièrement dense (cliniques, soins infirmiers, établissements divers etc.) qui jusqu'il y a peu était réservé aux travailleurs de mines et à leurs familles.
Malakoff-Mederic imposera son cahier des charges par le biais d'une démarche qualité imposée dans l'accord.
Ce rapprochement est exemplaire :
Un régime de Sécurité Social collabore avec un groupe privé aux orientations assurancielles .
Les adhérents de Malakoff-Mederic auront ainsi un accès particulier aux soins liè à leur capacité de cotisation à cet organisme de complémentaire santé.
Les inégalités dans l'accès aux soins vont donc se creuser autour de leurs établissements.
Il y a fort à parier que la seconde phase de cet accord consistera à fusionner les caisses de sécurité sociale des mineurs avec l'Institution paritaire et ainsi donner la gestion des cotisations des salariés à un organisme privé qui iront se faire soigner dans la même entreprise.
La protection sociale à l'américaine...on sait ce que cela donne !

Le 11 mars 2009
Nicolas Pomiès

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Qui connait le CISS ? Le faux nez de Bachelot !

Bachelot a décidé de faire du finistère un laboratoire de sa politique de casse des services de santé. Pour cela, tout les moyen sont bons : un exemple le CISS.

Le collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS) a par un communiqué en date du 16 octobre 2008 d’apporter son soutien au projet de loi « Hôpital, Patients, Santé et territoires » en estimant, je cite : « le projet va dans le bon sens » et plus loin dans le communiqué : « Acceptons donc quelques contraintes pour assurer une meilleure régulation du système ! ». Ben voyons !!!

Mais qui est donc ce collectif, et au nom de qui s’exprime t’il ?

Financé notamment par la fondation PFIZER France et MALAKOFF - MEDERIC (patron : Guillaume Sarkozy !) et le ministère de la santé le CISS se présente comme le défenseur des usagers, des services de santé. Et quel défenseur des usagers. Juste un exemple : son représentant breton n’a pas hésité à préconiser la fermeture de la maternité de Carhaix au nom de la sécurité des usagers bien sur !

Étonnante proximité de point de vue avec les projets de l’ARH ! Bon, il a été contredit par la réalité de la volonté populaire. L’ARH a plié devant la détermination... des usagers !!!

Le CISS est instrumentalisé par son président Christian SAOUT qui se fait l’ambassadeur du ministère de la santé qui le finance. Il ne mord pas la main qui le nourrit. Mais prétend exprimer l’avis des usagers sur la loi Bachelot. Avis positif naturellement !

Quel usager doté d’un minimum de bon sens croira un seul instant que la loi HPST va dans le bon sens ? Alors que ce projet de loi consacre le démantèlement de l’hôpital public, la fermeture de services, la destruction du maillage territorial, le transfert au privé des activités « rentables »... C’est bien la mise en place d’une médecine a deux vitesse que le CISS cautionne !

Refusons de laisser le CISS parler en notre nom et investissons nous dans les comités de défense locaux regroupés au sein de la coordination nationale de défense des hôpitaux de proximité. C’est la seule manière d’empêcher ce gouvernement de casse des services public de parvenir à ses fins !

Partout en France des actions ont lieu pour repousser cette loi indigne. Tous ensemble on peut arrêter ce massacre annoncé !

Le 14 mars 2009

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Hôpitaux : la T2A,
outil pour la privatisation des profits
et la socialisation des pertes


Le double processus, d’étatisation d’une part et de marchandisation et de privatisation d’autre part, de la santé et de la sécurité sociale a été engagé dès 1967 et se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires dite loi Bachelot. Dans toutes la série de contre-réformes, analysons l’une d’entre elles, la tarification à l’activité(T2A) promue en 2002 lors du plan Hôpital 2007 pour les secteurs de la chirurgie et de la maternité, puis généralisée à l’ensemble des services sanitaires de l’hôpital en 2007 lors du plan Hôpital 2012.

Précédemment, l’hôpital était financé par la Sécurité sociale par un budget global. Aujourd’hui, il est financé par la T2A. Comprenons qu’il y a environ 10.000 pathologies qui sont regroupés dans environ 700 « groupes homogènes ». Chaque « groupe homogène » regroupe les pathologies qui sont rémunérés par la même tarification. Une rapide analyse de cette tarification (qui en est à sa 11ème édition tellement les injustices sont flagrantes !) montre :

  • que les pathologies qui se font majoritairement dans les cliniques privées à but lucratif pour les actionnaires sont mieux rémunérées que celles qui sont faites à l’hôpital public. A noter que les 50 pathologies les plus simples mais les mieux rémunérées sont faites à 70% par les cliniques à but lucratif pour les actionnaires et les 50 pathologies les plus coûteuses et les moins bien rémunérées sont portées par l’hôpital public à plus de 70%.
  • que les missions d’enseignement, de recherche et d’innovation (MERRI), les missions d’intérêt général et d’aide à la contractualisation (MIGAC) qui sont censées compenser les missions de service public de l’hôpital public non réalisées par le secteur privé à but lucratif pour les actionnaires, sont très nettement insuffisantes.
  • que le droit communautaire européen de la concurrence et des libertés de prestation et d’établissement instaure une concurrence dite « libre et non faussée » mais qui est « totalement faussée » par le fait que les établissements privés à but lucratif pour les actionnaires choisissent leurs clients et ne font que des actes programmés ce qui leur permet d’optimiser leurs lits par une couverture de près de 100% alors que les hôpitaux publics accueillent tout le monde (un SDF passe 19% plus de temps à l’hôpital pour une même pathologie par rapport à la durée moyenne de séjour de la pathologie considérée) y compris les actes d’urgence non programmées ce qui devrait obliger les hôpitaux de maintenir des lits vides pourvu d’un environnement médical et paramédical prêt à intervenir qui ne sont pas rémunérés directement par la T2A( cela devrait être compensé par les MIGAC maintenus à un niveau dérisoire).
D’ou l’étranglement de l’hôpital public où les 29 hôpitaux d’excellence(les CHU) sur 31 sont en déficit chronique alors que le groupe Générale de santé, premier groupe d’hospitalisation privé, a distribué 420 millions d’euros à ses actionnaires.
Il faut comprendre que cette politique de privatisation des profits et de socialisation des pertes va être accélérée par les prédateurs du turbocapitalisme car en période de crise du capitalisme, les profits sont plus difficiles dans les secteurs traditionnels par forte baisse de la demande sociale (à cause de l’ écroulement prévisible du pouvoir d’achat) et donc, pour eux, il est urgent de privatiser et de marchandiser le plus vite possible les secteurs qui subiront moins l’affaissement de la demande à savoir l’école, la santé et la protection sociale. En ce sens, ce « sale boulot » est donné aux ministres Darcos et Bachelot.
Le 4 avril 2009

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Annexe : pendant la crise, les affaires continuent
Tout est pour le mieux dans le monde malakoff-médéric



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