Conseil municipal du 14 mars 2011



Rapport n°19 :

intervention de Michel Aurigny

M. le Maire, Mme le rapporteur, Mmes et MM. les conseillers,

Le rapport que vous présentez fait état – je cite – « de la volonté de l’Éducation nationale de conserver une unité pédagogique » pour les élèves de l’école d’Isle. Bonne intention, a priori.

Cela renvoie à bien des problèmes qui se posent dans d’autres écoles de Saint Quentin.

Il ne s’agit pas, bien entendu, du « paradis » que constitue, avec son chef d’établissement « faiseur de miracles », l’école maternelle et primaire Saint-Jean et Lacroix, dont vous avez, M. le Maire, inauguré l’extension au début du mois dernier (ainsi que le rapporte l’Aisne Nouvelle).

Il s’agit du problème des écoles publiques, et de leur existence même : d’autres extensions sont déjà prévues pour l’école privée, tandis qu’on programme la fermeture de plusieurs écoles publiques.

Quand, le 18 janvier dernier, l’Inspectrice est venue annoncer brutalement aux parents des élèves de l’école David-et-Maigret la fermeture de leur école, il n’était pas question de « conserver leur unité pédagogique », mais au contraire de disperser les élèves dans les écoles avoisinantes.

Et pourtant, on le sait, vous le savez, les parents l’ont dit et redit, cette école de quartier fonctionne bien, parents et enseignants en sont contents.

Vous le savez, il n’y a pas de problème de baisse d’effectifs pour la prochaine rentrée, au contraire. Cet argument ne tient pas.

Elle fonctionnerait encore mieux si vous rétablissiez la classe que vous avez fermée il y a 7 ans, ce qui éviterait une classe à trois niveaux.

M. le Maire, habituellement, vous vous réclamez du pragmatisme. Force est de constater que c’est pour des raisons idéologiques que vous soutenez cette fermeture, et que vous refusez de voir la réalité du terrain, celle d’une école de proximité qui donne satisfaction.

M. le recteur de l’académie prétend qu’une des causes des « retards » de la Picardie serait le trop fort pourcentage de petites écoles qui isoleraient les élèves et empêcheraient de « vrais projets pédagogiques ». (Courrier picard du 18 janvier)

Billevesées.

Demandez aux parents de l’école David-et-Maigret dont les enfants étaient perdus dans d’autres écoles plus grandes, et qui réussissent maintenant dans leur « petite » école de quartier.

La véritable raison de la fermeture de l’école David et Maigret, vous la connaissez, c’est la même que celle de la fermeture de l’école Kergomard, de la fermeture d’au moins 15 classes à Saint Quentin (mais pas le droit de savoir, secret d’État jusqu’aux cantonales...), la véritable et la seule raison de la fermeture de 16 000 postes d’enseignants à la rentrée prochaine (près de 400 dans notre académie), c’est « la réduction des déficits publics ».

Le Courrier Picard a souligné la « nouveauté » de l’annonce faite par le recteur :

« (…) c’est la première fois que le représentant de l’État annonce de façon aussi directe que ces suppressions de postes se situent dans un contexte de déficits publics. C’est nouveau, ça a le mérite d’être clair. Il en aura fallu du temps pour que les hauts responsables de l’Éducation nationale admettent que les logiques budgétaires priment sur le reste. »

Cette « logique budgétaire » est celle d’une dette, d’un déficit, dont les responsables ne sont en aucun cas les parents d’élèves, les jeunes, et les travailleurs, mais les marchés financiers, les banquiers et les spéculateurs. C’est à ceux-là de payer et non aux parents d’élèves et aux élèves.

Partout où les projets de suppressions de classes sont connus, dans le sud de l’Aisne et dans la région de La Fère notamment, c’est une levée de boucliers, parents d’élèves et enseignants se mobilisent avec le soutien des élus locaux.

Mercredi dernier, 200 parents et enseignants étaient rassemblés à l’Inspection académique avec de nombreux élus pour exiger le maintien des postes et des classes. Ceux de la majorité du Conseil municipal de Saint–Quentin, ville particulièrement concernée par les suppressions de classes, brillaient par leur absence.

M. le Maire, Mmes et MM les conseillers de la majorité, arrêtez de chercher des habillages pseudo-pédagogiques aux mesures d’austérité budgétaire et aux décisions catastrophiques pour l’avenir de l’Éducation nationale et de la jeunesse.

Mais répondez aux parents d’élèves, aux enseignants, qui veulent le maintien de l’école David-et-Maigret, le maintien de toutes les écoles et de toutes les classes.

On entend beaucoup parler de « laïcité » aujourd’hui, mais la respecter, ce n’est certainement pas manger des petits fours avec les responsables de l’école privée tout en fermant les écoles laïques de la République.


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