Renouer avec Jaurès


Appel à renouer avec Jaurès, pour la défense du socialisme ! (de la revue "Réflexions pour la défense du socialisme")

Cet appel a été adopté, suite à une réunion initiée par la revue Réflexions, portant sur la discussion de la brochure, « Actualité de Jean Jaurès », au Café du Croissant à Paris le 21 novembre 2009. Il est soumis pour information, discussion, approbation et critique à l’ensemble des travailleurs, jeunes, militants, élus et responsables du mouvement ouvrier et démocratique.

Nous vivons une crise capitaliste inégalée, où l’ensemble du système du profit mondialisé sacrifie des pans entiers d’industrie, d’agriculture, de civilisation, pour retrouver ses profits.
Nous crevons d’un excès de marchandises, de possibilités de produire, de machines, de travailleurs, d’intellectuels.
La loi du marché s’étend partout dans le monde et pourtant celui-ci est trop étroit pour la poursuite du profit sans casser, flexibiliser, licencier, fermer, diviser, éclater, délocaliser, déporter.
Est-ce le moment d’abandonner l’idéal du socialisme, de ne se fixer pour seul horizon que les lois du marché, ? Marché dont il faudrait admettre qu’il puisse être régulé dans l’intérêt des travailleurs…. ? Et ce pour en définitive sauver le capitalisme planétaire ?
Bien entendu, abandonner l’idéal du socialisme, c’est ce que souhaiterait le capitalisme. Bien entendu, lorsque celui-ci, au travers l’ensemble de ses médias, étale durant des jours et des semaines une propagande – que d’illustres prédécesseurs dans le genre n’auraient pas décriée- sur la chute du Mur de Berlin, il faudrait les croire… Chute de mur marquant, selon eux, la chute du « communisme » et un capitalisme progressiste : ils oublient simplement de dire que le mur a été en réalité construit par le stalinisme et le capitalisme coalisés contre le peuple allemand.
Bien entendu, le stalinisme a fait beaucoup de mal à la cause du socialisme, en prétendant qu’il était possible de mettre en commun les maigres ressources d’un seul pays arriéré pour arriver au socialisme. Prétention absurde, mais qui couvrait de nouveaux privilèges et aboutissait à des méthodes insupportables pour la démocratie et la classe ouvrière.
Bien entendu, les socialistes, d’abord les sociaux-démocrates de 1914, ont fait beaucoup de mal à la cause du socialisme, en acceptant de détruire l’internationale ouvrière et en couvrant le plus grand massacre que le monde ait connu jusqu’alors.
Mais faut-il renoncer à défendre pour autant les acquis socialistes, à défendre les droits sociaux, à défendre Jaurès qui venait de signer dans l’Humanité, au soir de son assassinat, un manifeste pour dégager son parti de la guerre, pour fraterniser avec les travailleurs allemands ?
Car au bout de la destruction des acquis sociaux, ce qui ne peut se faire qu’en bafouant la démocratie, qu’y a-t-il d’autre que le retour à une politique guerrière, comme celle que nous avons subie suite à la balkanisation de l’état de Yougoslavie ?
A l’inverse, la tentative unitaire du parti d’Epinay n’essayait-elle pas de renouer avec le parti de 1905 de Jaurès, en reprenant le nom d’origine de la SFIO , Parti Socialiste, en renouant avec l’unité des socialistes, en partant de l’affirmation de la nécessaire rupture avec le capitalisme ? Les succès de ce parti, battant la droite en 1981, devenant le premier parti de la gauche, ne viennent-ils pas de sa volonté affirmée d’aller vers la gauche, de remettre en cause « les lois présentées comme éternelles du capitalisme » ?
Aujourd’hui, pour nous, défendre le socialisme avec Jaurès, n’est-ce pas être fidèles à son objectif de rupture avec le capitalisme, ce système dans lequel une classe impose « la concurrence illimitée , la lutte incessante pour la vie »? Alors qu’après avoir évacué toute référence à la lutte des classes, estimé que le capitalisme était « l’horizon indépassable » qu’il fallait aménager, le parti socialiste, ayant abandonné ses fondements, poursuit un suicide collectif, dans lequel l’incapacité de maintenir son unité se conjugue avec l’incapacité de gagner. Ainsi Rocard avait été le candidat des médias, pour avouer préférer l’alliance au centre à la rupture avec le capitalisme. Aujourd’hui, il est avec Juppé…. Quant à Pierre Mauroy, son allié à l’époque, il est avec Balladur pour diviser la nation française en grandes régions faisant le poids dans le concert capitaliste européen…
Sarkozy est en train de dépecer un parti qui, parce qu’il renie ses valeurs fondamentales, ne peut se défendre contre les ambitions personnelles, les déviations, les reniements.
Le ministre Sarkozien, Eric Besson, mène sa politique de charters contre les immigrés en expliquant : « Il faut réaffirmer l’identité nationale et la fierté d’être français ». Dans le même temps, il participe, avec ses collègues de droite comme de gauche, à la dislocation, exigée par l’Union Européenne, de la nation française, des acquis de sa grande révolution.
Pour nous, défendre le socialisme avec Jaurès, n’est-ce pas être fidèles à sa défense liée de la République et du socialisme? « Sans la République, le Socialisme est impuissant, sans le Socialisme, la République est vide.”, alors que le parti socialiste avec Monsieur Rebsamen, grand responsable du PS qui affirme aujourd’hui à propos de la loi sur la réforme territoriale de Sarkozy-Fillon, que « c’est le retour des jacobins ». C’est tout l’inverse : les Jacobins ont fait la France, et cela Jaurès l’a fort bien expliqué partout, en se prononçant pour la République une et indivisible, en se prononçant pour de véritables nations libres, ayant toute leur âme et leur force, pour un véritable internationalisme ! Sarkozy, qui ne fait pas autre chose que parachever la réforme Jospin de communauté des communes, veut détruire les droits de celles-ci, les cantons et les départements, comme déjà autrefois la Convention Thermidorienne l’avait déjà fait en regroupant de force les communes. Lesquelles sont la base de la démocratie française, avec le droit libre de se constituer en parti indépendant.
Aujourd’hui, défendre le socialisme avec Jaurès, n’est-ce pas défendre l’indépendance nationale dans le cadre de l’Europe des peuples? Quand des milliers d’élus demandent à l’Assemblée nationale d’abroger les Directives européennes qui cassent le monopole public de la Poste et amènent à sa privatisation, et qu’on leur répond que la représentation nationale n’a pas la capacité de contrevenir à la loi de l’Union Européenne, n’est-ce pas, sur ce sujet brûlant comme pour l’interdiction des licenciements, le signe que l’indépendance nationale n’existe pas dans le cadre des Traités et Directives de l’UE, et qu’il faut rompre avec ces Traités et Directives de défense d’un système économique refusé par notre peuple en 2005? Est-il possible qu’un parti socialiste se soumette à ces Traités et entérine le déni de démocratie qu’a constitué l’acceptation du Traité de Lisbonne par le Congrès de Versailles? Quelle Europe sociale est possible dans un cadre qui démembre les nations, détruit les services publics nationaux et le Code du Travail, et lamine conventions collectives nationales et statuts?
Aujourd’hui, défendre le socialisme avec Jaurès, n’est-ce pas défendre les capacités d’organisation et de résistance indépendantes de la classe ouvrière? Au contraire on entend, contre toutes les traditions du socialisme et de la démocratie, de défense de la notion même de parti, des voix qui s’élèvent contre l’existence même des partis et des manoeuvres qui se développent pour abandonner le nom même de parti socialiste. La défense de l’indépendance syndicale n’est-elle pas aussi une question majeure, alors que Sarkozy tente d’associer les syndicats aux décisions patronales et gouvernementales en organisant des Etats Généraux de l’industrie afin de leur proposer une gestion commune des licenciements et des délocalisations?
Pour nous, défendre le socialisme avec Jaurès, n’est-ce pas au contraire renouer avec la construction d’un grand parti ouvrier, comme l’était celui de Jaurès, un parti unitaire et respectueux des diverses sensibilités historiques du socialisme, un parti qui se fixe pour objectif la rupture avec le capitalisme et qui revienne à la politique de nationalisations, de défense des services publics, des conventions collectives nationales et des statuts conquis dans le cadre de la nation, des communes et des départements qui sont à la base de notre démocratie, contre les privatisations généralisées, le démantèlement et la destruction de la République et de la démocratie ?!
Ne faut-il pas aujourd’hui renouer avec le grand parti de Jaurès, celui qui a été le moteur de la laïcité en France, c’est- à -dire de la séparation des Eglises et de l’Etat, contre les régimes communautaires et le communautarisme manipulé pour diviser la classe ouvrière, pour une démocratie réelle, indissociable de la lutte pour le socialisme ?
Pour que les socialistes relèvent fièrement la tête et fassent entendre la voix de la raison, afin d’enrayer la course à l’abîme vers laquelle nous entraîne un système sans autre perspective que le chômage, ne faut-il pas réaffirmer aujourd’hui la nécessité de renouer avec le socialisme, avec ses valeurs fondamentales et ses propositions qui restent plus que jamais d’actualité?

Les premiers signataires, réunis à l’initiative de la revue « Réflexions - Pour la défense du socialisme », au Café du Croissant à Paris, le 21 novembre 09 :
Georges HOFFMANN (67), Bernard BERTHELOT (02), Michèle CHRISTOPHE, (94), Jean ESTIVILL (91), Claire GRIMALDI (60), Pierre JEANNENEY (60), Pascal MAURY (94), Michèle MIKOGNATIS (94), Chantal PETIT (94), Jacky PETIT (94), Aimé SAVY.(94), ……………

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Je m’associe à cet appel pour Renouer avec Jaurès ! Pour défendre le socialisme !

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