Engagement solidaire de proximité et réforme constitutionnelle



Les uns après les autres, les peuples d’Europe sont mis en demeure par la commission européenne de réduire leurs déficits publics pour satisfaire au pacte de stabilité et aux critères de convergence du traité de Maastricht. Après la Grèce, c’est le Portugal, puis l’Espagne qui sont victimes de plans d’austérité d’une sauvagerie telle que leurs populations se dressent contre leurs gouvernements, complices des puissances financières qui les étranglent. À Madrid les jeunes, victimes du chômage, condamnés à la précarité et aux « petits boulots », renvoient dos à dos les gouvernements de droite et de gauche, incapables de les représenter et en appellent à une véritable démocratie.

La France est menacée de la même manière, sa jeunesse souffre des mêmes maux. On pourrait imaginer que Xavier Bertrand, ministre du Travail et de l’Emploi offre, au moins aux jeunes de la ville dont il est le maire, des solutions leur permettant de ne pas désespérer. Mais il n’a rien d’autre à leur proposer que des « stages d’engagement solidaire de proximité » consistant à accompagner les personnes âgées dans leurs promenades et leurs activités de loisirs en échange d’une « bourse solidarité » d’un montant forfaitaire de 15 Euros la journée. On voit combien l’action est à la hauteur de l’enjeu ! La finalité attribuée à cette action (créer du lien social entre générations) est de plus d’une grande hypocrisie chez un homme qui, à différents postes ministériels, a collaboré à la ruine des systèmes de solidarité entre générations (sécurité sociale, retraites…)

Et en même temps qu’il expérimente à Saint-Quentin des actions bidon censées faciliter l’insertion des jeunes, Xavier Bertrand continue d’œuvrer, comme ministre de l’Emploi, à la mise en place de la politique destructrice d’emplois dictée par l’union européenne, notamment par le biais de la « réforme constitutionnelle » qui vise à inscrire dans la constitution de la République française l’obligation de satisfaire aux critères des traités européens, de Maastricht à Lisbonne.

Sarkozy a déjà modifié la constitution pour passer outre à la volonté du peuple français (qui avait en mai 2005 rejeté par référendum le projet de Constitution européenne) et pour imposer le traité de Lisbonne. Mais cela n’a pas suffi, tant les citoyens français répugnent à abandonner leur souveraineté et à accepter la tutelle de la commission européenne. Sarkozy veut de nouveau modifier la constitution pour y inscrire la résorption des déficits et l’obligation « d’équilibre des finances publiques », c’est-à-dire l’instauration permanente de la rigueur et la remise en cause de la possibilité pour les organisations syndicales de négocier sur la base des revendications des salariés

Ce projet de réforme est scélérat. Il ôte au peuple français tout moyen d’exercer sa souveraineté, il le place sous la botte de la Commission européenne, du Fonds Monétaire International, de la Banque Centrale Européenne, toutes ces machines à broyer les peuples qui exigent d’eux réformes structurelles et plans d’austérité, sacrifice des acquis sociaux et des services publics, privatisations généralisées. C’est pourtant en faveur de cette réforme infâme que les députés se sont prononcés le 13 mai 2011, dans un silence que, seule la campagne de signatures initiée par le POI est venue troubler. Le Sénat doit encore se prononcer le 14 juin. Jusque là, rien n’est joué. Il est encore possible de bloquer cette réforme inacceptable.

C'est pourquoi le POI renouvelle son appel pour le retrait du projet de réforme constitutionnelle, signé à ce jour par plus de 30 000 travailleurs, jeunes, militants de toutes tendances. Pas plus que les peuples grec et espagnol, le peuple français n’acceptera de voir son économie dévastée, ses emplois ravagés, et ne s’accommodera des perspectives d’emploi proposées par Xavier Bertrand aux jeunes de Saint-Quentin.


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