Temps de crise

Drôle de crise !

Nous sommes dans la crise, mais c’est une « drôle de crise », et je parle de drôle de crise comme on a parlé de drôle de guerre. La "drôle de guerre", ce sont ces quelques mois du début de la seconde guerre mondiale pendant lesquels il ne se passe rien sur le front.. Retranchés derrière la ligne Maginot, les Français attendent l’assaut allemand pour l’endiguer. La guerre a été déclarée, mais il n’y a pas encore de véritables combats, seulement quelques escarmouches de patrouilles de reconnaissance.

C’est un peu la même chose pour la crise : les premiers mois ont été marqués par la « crise financière » : effondrement des bourses mondiales, d’abord aux USA, puis en Asie et en Europe, que les mesures prise n’ont pas permis de stopper.

• Grande inquiétude des milieux financiers, et d’abord des spéculateurs qui voient leurs portefeuilles d’actions fondre comme neige au soleil, mais malgré la gravité de cette crise, pas de grands mouvements de panique comme en 1929. Bref, rien de très spectaculaire. Seuls, les détenteurs de valeurs boursières sont atteints, y compris les petits porteurs, mais la majorité de la population n’est pas encore atteinte. On attend : c’est la drôle de crise.

• Et la dégringolade continue, mais cette fois, il ne s’agit plus seulement d’une « crise financière ». La « crise financière », qui a engendré une crise économique, se nourrit maintenant de cette crise économique. C’est le cercle infernal. Comme le notent les journaux économiques :

« les marchés sont déprimés par la récession et la déflation ».

« Les marchés d’actions connaissent un accès de faiblesse, provoqué par une salve d'indicateurs décevants montrant que "le ralentissement de l'activité s'accélère Aucune bonne nouvelle ne vient plus soutenir le marché ».

La récession, le déflation, le ralentissement de l’activité, touchent tout le monde, et d’abord les travailleurs . Nous sommes à présent dans une crise ouverte : c’est le chômage, la baisse du pouvoir d’achat…Comme pour une guerre, on ne sait combien de temps cette crise commençante durera : on nous l’annonce déjà longue, ni combien de victimes elle fera.

Mais ce que l’on sait déjà, c’est à qui on la fera payer : non pas à ceux qui en sont responsables : les spéculateurs (les généraux), mais à la population laborieuse : ouvriers, salariés du public et du privé, travailleurs des villes et des campagnes (les pioupious, les troufions) !

Au sujet de cette crise, la position du POI est parfaitement claire :

« CE SONT LES TRAVAILLEURS QU’IL FAUT SAUVER, PAS LES SPÉCULATEURS »
(appel du 1er novembre 2008).

Or, le gouvernement fait exactement le contraire :

• Il sort miraculeusement des caisses vides de l’Etat 360 milliards d’Euros, pour soutenir le système bancaire responsable de la crise financière, sans aucune contrepartie.

Expliquons le « miracle » : L’ETAT prélève 360 milliards sur les richesses produites par les travailleurs pour renflouer les banques, c’est-à-dire pour récupérer les richesses « en toc» créées artificiellement par la finance et volatilisées dans le jeu de la spéculation.

Car la crise financière est un formidable rappel à la réalité, une formidable gifle du réel. Les joueurs le savent bien : il y a toujours un moment où il faut payer avec du « vrai argent », et où les jetons du casino doivent être convertis en valeurs réelles. Mais les joueurs de la finance n’honorent pas leurs dettes de jeu, il les font payer par les travailleurs.

• Le gouvernement aggrave encore la situation des travailleurs en s’appropriant et en dilapidant leur salaire différé (en pillant les fonds de la sécurité sociale par des exonérations de charges sociales).

• Le gouvernement aggrave encore la situation des travailleurs en s’attaquent à leurs « biens propres », à savoir les institutions qu’ils se sont donné pour répondre à leurs besoins collectifs: la poste, les hôpitaux publics, l’école publique, bref l’ensemble des services publics, au nom de l’idéologie libérale qui est celle de l’Union européenne, et pour satisfaire aux exigences de Bruxelles.

Y a-t-il des vertus à la crise, demandait un journaliste ce matin sur France Inter ? Quel cynisme, et quelle indécence !

Le POI ne se réjouit pas de cette crise, il n’y voit pas l’occasion de faire valoir un quelconque intérêt partisan. Il voit dans cette crise un redoutable fléau qui s’abat sur les populations, et qui va engendrer le chômage et la misère. Les possédants peuvent se rassurer : Sarkozy et son gouvernement vont tout mettre en œuvre pour les mettre à l’abri, en faisant payer, comme le veut la logique capitaliste, la classe laborieuse.

D’avoir prévu cette catastrophe ne comble pas le POI, loin s'en faut, mais le met en meilleure position pour lutter contre elle.

Son analyse est claire, et elle ne varie pas :

Cette crise n’est pas une crise du néo ou de l’ultra libéralisme, termes derrière lesquels se cache depuis quelque temps le capitalisme, c’est une crise du capitalisme lui-même, c’est-à-dire du régime fondé sur la propriété privée des moyens de production.

Un tel régime ne peut être réformé ; il ne peut être refondé. Ce ne sont pas de prétendus excès ou de prétendues dérives qu’il s’agit de combattre : c’est le capitalisme comme système.

Depuis les débuts de la crise, on entend dans la bouche des ex-champions du libéralisme des propos stupéfiants : Xavier Bertrand, ce matin même (27/11/08), sur France Inter, imputait la crise à un « capitalisme qui marche sur la tête », mais que Nicolas Sarkozy va bientôt remettre sur ses pieds avec ses collègues du G 20 (on va voir ce qu’on va voir !)

Par ailleurs, le discours de Xavier Bertrand ne changeait en rien, ignorant totalement la réalité de la crise (même Nicolas Demorand lui a fait remarquer), reprenant mot pour mot les litanies sarkoziennes et ses slogans de campagne : « travailler plus pour gagner plus », « avant de songer à distribuer, il faut produire », disant non à une relance de la consommation, (pour ne pas mettre en péril les critères de convergence), mais la production (en période de récession !!)

Et surtout, ne pas interdire les licenciements, ni les délocalisations, ni même les soumettre à des conditions.

Quant aux socialistes, qui se sont récemment ralliés à l’économie de marché, ils ont bonne mine ! Qu'est-ce qui peut encore distinguer capitalisme et socialisme après ce ralliement ?

« L’économie de marché des socialistes serait « sociale », « écologique », « régulée par la puissance publique ». L’économie de marché capitaliste, ce serait désormais une économie dans laquelle l’état fixe des règles au marché (« le marché a toujours raison, c’est fini », a dit Sarkozy), une économie dans laquelle l’Etat intervient dans le secteur bancaire, "instaure de nouvelles règles du jeu après l’échec patent des dérégulations généralisées instaurées lors des règnes de Margaret Thatcher et Ronald Reagan". On peut jouer au "jeu des différences" : on ne risque pas d'en trouver beaucoup !

Bref, "refonder" le socialisme, c’est sauver le capitalisme, lui-même refondé ! De quoi en être pantois !

Que dire, sinon que c’est l’idée même du socialisme qui est ruinée dans un tel naufrage ! Un socialiste du cru se félicitait de la mort de l’ancien PS, y voyant les conditions d’un renouveau du socialisme. Il avait raison pour le PS ; pour le "renouveau du socialisme, il peut aller se rhabiller... chez Sarkozy ! Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser !

Nous ne croyons pas, pour notre part que le socialisme soit mort, bien au contraire. Et c’est pourquoi le POI fait appel à tous les socialistes qui n’ont pas renoncé au socialisme, où qu’ils soient, à quelque parti ou organisation qu’ils appartiennent, pour lutter contre les responsables de la crise.

Le Parti ouvrier indépendant considère que rien n’est plus important aujourd’hui que d’aider à la réalisation de l’unité des travailleurs et de leurs organisations, au rassemblement de tous les secteurs de la classe ouvrière dans l’action de classe unie sur les revendications pour porter un coup d’arrêt à l’avalanche anti-ouvrière et pour ouvrir une issue à la crise.

C’est pourquoi le comité de Saint-Quentin a appelé à une réunion publique le 27 novembre
.
C’est pourquoi le bureau national a pris l’initiative de proposer une conférence nationale pour l’unité, qui aura lieu le 7 décembre à Paris

Ce faisant, le POI s’emploie à réaliser sa vocation première, telle qu’elle s’était définie dans le COPO (comité pour un parti ouvrier) : « rassembler le mouvement ouvrier, dans la diversité de ses composantes », et le POI renouvelle aujourd’hui son appel à toutes les formations et organisations qui se sont unies, pour la première fois, dans la campagne municipale à Saint-Quentin, en proposant pour la première fois une liste de la gauche tout entière.




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