Ils l'ont fait.



Privatisation des services de santé :


"Hier le parlement polonais a voté la privatisation totale des services de santé en Pologne. Ce projet de loi a été proposé par le parti néoliberal – PO. En plus du PO, le parti populaire PSL a également voté pour cette privatisation.
Contre cette loi ont voté: le parti conservateur - PIS et le parti de gauche – SLD. Le président Lech Kaczynski a mis son véto contre cette loi. Si son annonce surviendra, le parlement polonais sera obligé de voter encore une fois, mais dans cette situation le parlement aura besoin 3/5 de voix pour voter la privatisation.
Cette loi est sans précédent dans l'Europe et les Polonais sont très inquiets. Déjà le service de santé en Pologne est ruiné et endetté, mais la privatisation peut conduire plusieurs hôpitaux à la faillite."
Communiqué d'Attac Pologne.

" lundi 27 octobre 2008

La Diète a adopté, dans la nuit de mardi à mercredi dernier, un ensemble de lois sur la réforme du système de santé en Pologne, qui prévoit notamment la transformation des hôpitaux en sociétés commerciales.

Le parti du premier ministre entend, par la privatisation du système de santé, permettre aux hôpitaux d’atteindre une viabilité financière et d’améliorer la qualité des soins. En effet, les hôpitaux connaissent de gros problèmes de gestion et d’accès aux soins. L’entrée du secteur “privé” est très controversée en Pologne et la Plate-forme civique (PO) doit tenir compte des préocccupations des autres partis dans la mise en œuvre technique de la réforme pour la faire voter au Sénat. Ainsi, le projet de transformation des hôpitaux en sociétés commerciales s’appuiera notamment sur la participation des collectivités locales. Celles-ci resteront propriétaires des terrains, les projets de sociétés commerciales devront être approuvés par 60% des conseillers municipaux. Les personnels employés dans des entreprises obtiendront des garanties quant au maintien de leurs droits. Côté financier, les emprunts en cas de dettes seront limités.
Un referendum en janvier ?
Certaines catégories de personnel hospitalier, notamment les infirmières, ont déjà fait connaître leurs craintes vis-a-vis de ce projet. Le PIS, parti du président Kaczyński n’est pas favorable à la mise en place de la privatisation des hôpitaux. Ce projet fait peur car il risque de défavoriser une partie du peuple polonais. Le président a souligné qu’il est important de maintenir la possibilité d’accès aux soins pour tous. Lech Kaczyński souhaite organiser un referendum en janvier prochain sur le thème de la privatisation des hôpitaux publics. Il aurait pour but de demander au peuple polonais s’il accepte ou non cette réforme."

Nathalie LASSERRE. (www.lepetitjournal.com - Varsovie) lundi 27 octobre 2008

C'est donc bien vrai : la Pologne ouvre la voie en privatisant purement et simplement le système de santé, avec les mêmes arguments, il faut bien le noter, que ceux qu'utilisent Sarkozy et les ministres Fillon et Bertrand pour réaliser le même dessein en France.
  • Viabilité financière : je dirais presque que cela va sans dire, dans l'esprit des susnommés!
  • Amélioration de la qualité des soins (sic !)
  • Mauvais état du système de santé, que seule une privatisation serait capable de sauver (re-sic !).
Or, nous savons très bien que le souci de "viabilité financière" d'abord invoqué va à l'encontre de la deuxième finalité avancée et que, plus on se soucie de la rentabilité financière, moins on se préoccupe de la qualité des soins. Je ne m'attacherai pas ici à établir ce jugement, je m'y suis déjà employé dans plusieurs articles concernant le système de santé, et je laisse à chacun le soin de s'y reporter.

"Le cinquième risque" - "Offensive contre la sécu" - "L'argent de la sécu"
"Le privé investit la sécu" - Sécu : la résistance s'organise" - "Touche pas à ma sécu"
"Sauver la Sécu de 1945 - "La franchise médicale" - "Lutte contre les franchises médicales".

Quant au mauvais état du système de santé polonais, j'avoue que je ne peux en juger. Mais je sais trop que "quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage", et que le prétendu "trou" de la sécu" a été largement utilisé, en France, pour discréditer la sécu et justifier le recours au privé. Quoiqu'il en soit, les résistances sont suffisamment fortes en Pologne pour faire naître le soupçon sur le diagnostic.
Dans un pays où solidarité s'est écrit , on peut comprendre qu'il y ait des résistances. Mais le temps et l'histoire sont passés par là et passées les illusions. La Pologne est devenue aujourd'hui, selon l'idéologie bushienne, cette "nouvelle Europe, chargée de donner des leçons à la "vieille Europe", attachée à des systèmes de protection et à des principes obsolètes. C'est bien ce que la Pologne a entrepris de faire, et lorsque je dis qu'elle "ouvre la voie", ce n'est pas une boutade. On voit en effet, par ce qu'elle fait, ce qui nous attend : la privatisation totale des services de santé, notamment la transformation des hôpitaux en sociétés commerciales. Tel est, nous avons essayé de le montrer, la visée de Nicolas Sarkozy et de son ministre Xavier Bertrand, l'homme des assurances privées.

Il paraît que les choses sont en train de changer, aux États-Unis d'Amérique, qu'on est en train d'y redécouvrir les vertus de l'État et que le Président élu envisage d'y reconstruire un système de santé qui ressemble à quelque chose. On verra, mais cela ne décourage pas les nations d'Europe de poursuivre, sous la direction de l'Union européenne son train effréné de contre-réformes ultra-libérales, comme s'il lui appartenait de prendre le relai des USA dans la mise en oeuvre d'une "concurrence libre et non faussée", à son préjudice exclusif : jeu de dupes auquel les nations d'Europe, à commencer par la Pologne, auront, il faut l'espérer, la capacité de résister.


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